L'IMPOSTURE DE LA CUISINIÈRE
On ne va pas se mentir. Je ne suis pas une « vraie » cheffe.
De celles qui passent leur temps à explorer les associations inédites moutarde-banane. De celles qui se préparent des merveilles pour elles-mêmes. De celles qui ont un livre de cuisine sur leur table de chevet et rêvent d’ouvrir un salon de thé « chez Charlotte ».
Moi, je kiffe ouvrir une brique de soupe et un pâté végétal quand je suis seule, pour manger très vite et faire la vaisselle avant d’avoir fini ma dernière bouchée. Les recettes qui prennent plus de 30 minutes ou plus de 10 ingrédients me font tourner la page. Et à la question « comment préparer un repas équilibré » ? Je réponds : demande à Chat GPT darling.
La cuisine, pour moi, n’est pas une passion.
C’est un Art politique.
Un moyen de faire exister un monde sans violence et sans cruauté. De faire entrer de nouvelles manières de faire dans la cuisine du quotidien : simplicité, efficacité et beauté dans l’assiette. Ma phrase préférée n’est pas « j’ai mis 1 an à élaborer ce gâteau » mais « tu vas voir, c’est hyper facile !! ».
C’est aussi une manière de « prendre soin » de celleux que j’aime et de célébrer leur existence par un repas, comme un cadeau. C’est un partage joyeux de mes engagements par le corps et les sens (qui se passe volontiers de mes grandes phrases sur la justice sociale…).
Je vis la cuisine comme une manière d’exprimer ce processus alchimique qui vit en moi, et qui, par le feu, transforme les ingrédients tout comme il transforme les âmes.
Si mes mots clés ne sont pas passion-ambition-nutrition, cela fait-il de moi une imposture ?
Non. Car mon talent naît d’un acte d’amour.
Et il n’y a pas d’imposture là où il y a du cœur. ❤️